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Chaire FreeInBTP : Formation à la REcherche Et INnovation pour le BTP

Publié le 05/02/2024 , Dernière modification : 06/03/2024

Crédit photo : ©FranckBoisselier

Depuis 2011, au travers tout d’abord de collaborations partenariales, et ensuite du LabCom ANR B-HYBRID, du projet REEXPERIENCE, et de la chaire ANR FREEINBTP, une thématique spécifique relative à l’étude de solutions constructives innovantes basées sur des systèmes béton-acier s’est développée au sein du Laboratoire de Génie Civil et Génie Mécanique (LGCGM*) de l’INSA Rennes, en partenariat avec l’entité innovation du groupe Legendre, INGENOVA, et Cohb Industrie.

Le projet FREEINBTP (Formation à la REcherche Et INnovation pour le BTP) a notamment pour objectif de porter, jusqu’à l’industrialisation, des travaux scientifiques sur différents systèmes structurels visant la diminution de l’impact environnemental, en s’appuyant sur l’expertise scientifique du LGCGM et les compétences en certification développées au sein du LabCom ANR B-HYBRID et du projet REEXPERIENCE.

C’est dans ce cadre que le laboratoire et la Cohb Industrie travaillent ensemble depuis plusieurs mois sur l’optimisation du Slabe 6, un rupteur de pont thermique dont l’entreprise souhaitait voir la performance énergétique augmenter. Après 12 essais sur la partie structure et 18 mois de collaboration, Cohb Industrie a lancé en février 2023 Slabe 8, sa nouvelle gamme de rupteurs de ponts thermiques sous Appréciation Technique Expérimentale.

Entretiens croisés sur les multiples intérêts de cette collaboration durable.

Questions à Romuald Billard, Directeur Ingénierie chez Cohb Industrie

Au 1er janvier 2022, la France est passée d’une réglementation thermique à une réglementation environnementale, la
RE2020, plus ambitieuse et exigeante pour la filière construction. Quelles conséquences cela a eu sur les activités de Cohb Industrie ?

Cette nouvelle règlementation a transformé les besoins clients : besoin d’une meilleure performance thermique, nécessité d'améliorer notre bilan carbone tout en conservant un produit simple à l’utilisation. Pour répondre à ces besoins, nous sommes partis d’un produit existant, le Slabe 6, dans l'idée de l’optimiser. Ce nouveau produit, le Slabe 8, a été développé avec un fort appui scientifique.

Comment avez-vous procédé pour caractériser et certifier ce produit ?
Les travaux ont été initiés sur la base de modèles numériques non linéaires qui avaient été réalisés par le passé par Piseth
Heng. À partir de ces modèles, nous avons réalisé une étude paramétrique complète de différentes configurations et différents produits. Cela nous a permis de sélectionner une gamme de produits.
Nous sommes ensuite repartis sur une caractérisation expérimentale, c’est-à-dire la réalisation d’essais structuraux, pour avoir des éléments de preuve, puis une justification et une certification de produits. Nous avons enfin réalisé un dossier technique que nous avons présenté au Centre Scientifique des Techniques du Bâtiment afin d’obtenir un avis technique (ATec) ou un avis technique expérimental (ATEx) nous permettant de commercialiser le produit.

L’optimisation est-elle au rendez-vous ?
Nous avons divisé par deux le poids de notre produit qui reste tout aussi performant. Il contient donc moins d'inox, moins de matière. Ce sont en effet principalement les aciers métalliques qui vont reprendre les efforts. Structurellement, on est aussi performant, et en thermique on l’est beaucoup plus. Par conséquent, nous avons réduit l'impact carbone du produit.

Par quoi se traduit la collaboration avec l’INSA Rennes ?
Nous avons mis en place un schéma partenarial afin que l’INSA Rennes puisse mettre à disposition une équipe technique travaillant sur les verrous scientifiques et technologiques de Cohb Industrie. Nous apportons à la fois des moyens humains et des ressources financières. Sur les essais, les équipes de Cohb Industrie sont également très impliquées. Sur ce point, nous apportons au laboratoire notre agilité. En plus des deux chaires industrielles, nous avons également deux thèses en cours, l’une sur l'instrumentation d'un bâtiment, sur financement ANR, l’autre sur le projet « Slabe Volumique », sur financement COHB, qui exploite les résultats des essais de caractérisation.

Quel est l’intérêt de votre collaboration avec le laboratoire ?
L’intérêt pour Cohb Industrie est, d’une façon générale, d’avoir accès à la connaissance scientifique, à une indépendance et une expertise. L’avantage majeur de la collaboration avec l'INSA Rennes est en effet d'avoir accès à son expertise de pointe dans le domaine de la connexion hybride. Au niveau de la certification, c’est très important pour la crédibilité auprès des experts du CSTB et de la CCFAT que le LGCGM garde son indépendance. Nous restons néanmoins dans une logique partenariale qui permet proximité, réactivité et adaptabilité lors des essais. Pour l’INSA Rennes, cette collaboration leur permet, au-delà de disposer d’une large base expérimentale pour le développement des modèles analytiques de clefs de cisaillement hybrides, d’avoir des retours terrains et de voir des applications concrètes. Cela leur offre également une visibilité et une certaine reconnaissance au point de vue certification française.

Questions à Piseth Heng, ingénieur de recherche et Benaya Gnanchou, ingénieur d’études mécanique au LGCGM

Quelles sont vos relations avec Cohb Industries ? S’agit-il juste d’un échange de données ?
[Benaya Gnanchou] : Nous effectuons, en plus des réunions scientifiques et de la vision globale des essais, des réunions régulières sur le suivi du planning. Le personnel de Cohb Industrie est également présent lors des essais. Nous communiquons également par mail et par téléphone pour évoquer les plannings et les missions chez les fournisseurs. Il y a beaucoup d’échanges, pratiquement tous les jours. C’est comme des collègues !

Comment parvenez-vous à optimiser les produits de l’entreprise ?
[Piseth Heng] : Grâce à notre expertise scientifique, nous pouvons apporter des évolutions aux produits afin qu’ils deviennent fonctionnels. L’industriel nous fait part de son besoin, comme par exemple avoir une capacité plus élevée ou augmenter le transfert des efforts. Ensuite, nous essayons au sein du laboratoire de trouver la solution. Nous faisons différentes propositions. L’industriel peut également de son côté faire des propositions de modification. C'est un travail collaboratif avec l'entreprise afin d’arriver à réaliser ensemble un produit optimisé.

Qu'est-ce que cela vous apporte de travailler au quotidien avec une entreprise telle que Cohb Industrie ?
[Benaya Gnanchou] : Cela nous fait sortir du cadre du laboratoire. Nous participons à la création de quelque chose de matériel, palpable. Le fait de travailler avec des entreprises, de répondre à leurs besoins avec des produits qui demain seront sur le marché pour contribuer au développement de notre société, c’est très gratifiant.
C’est important aussi de savoir que les entreprises partenaires nous font confiance et font confiance à notre laboratoire.
[Piseth Heng] : Parfois, quand on réalise une étude très académique, très scientifique, on est sur de la théorie qui semble parfois loin de l’application concrète, sur le terrain. Quand on travaille avec des entreprises, une fois que le travail est terminé, on voit le produit fini et la raison pour laquelle on a fait des essais. On voit où ça a commencé, comment il est né, comment il prend forme et comment il grandit. C'est très intéressant. J’ajouterai que nous avons un rôle, celui de participer au développement de notre société. Dans ce métier, nous avons la chance de développer des produits visant à répondre aux besoins de la société. Participer au développement de l'économie et de nouvelles technologies nous donne la motivation de travailler.
 

*LGCGM : unité de recherche INSA Rennes, Université de Rennes

À propos de Cohb Industrie
Cohb est l’acronyme de “Connexion hybride béton armé”. PME bretonne née le 1er janvier 2017 à Rennes, elle est spécialisée dans la conception, la fabrication et la distribution de systèmes de connexion pour la construction en béton armé.

 

Cet article est extrait du magazine "InsideLabs, la Recherche à l'INSA Rennes". Retrouvez l'intégralité du 2e numéro "Comment la technologie révolutionne la santé, le bien-être et la qualité de vie ?".

 

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